Michel Le Faou
Monsieur le Président, Chers collègues,
N’ayant pu participer pour raisons familiales aux obsèques de Gilles BUNA, et ayant cheminé à ses cotés durant son second mandat d’Adjoint au Maire de Lyon et de Vice-Président en m’ayant désigné comme son successeur dès 2012 à l’annonce de sa maladie, je tenais ici à lui rendre hommage.
Beaucoup de choses ont été dites et les hommages ont été nombreux suite à son décès après qu’il ait lutté vaillamment contre la maladie. Gilles était avant tout un militant, mais un militant au fait des réalités et il avait compris que notre Cité ne pourrait évoluer que de façon progressive, que la meilleure façon de faire aimer l’écologie, c’était de la rendre concrète et ancrée de façon réaliste dans la société en lien avec les faits économiques et sociaux.
Cette attitude lui permis surement d’être d’ailleurs un des premiers écologistes élu au suffrage universel direct et notamment au Conseil Général du Rhône des 1996, cas unique pour l’époque en Rhône Alpes, après avoir été élu Maire du 1er arrondissement avec entre autres Nathalie Perrin.
Mais avant d’être élu, et parmi ses combats de militant, ce fût la lutte contre le saturnisme et l’habitat indigne, notamment sur les pentes de la Croix Rousse ou subsistaient dans les années 70-80 de nombreux logements revêtus de peinture au plomb. Il fût un militant de la cause du logement et notamment de la lutte contre les marchands de sommeil sur les Pentes.
Adepte du développement du végétal en ville et de la préservation du vivant, Il avait par exemple théorisé et mis en pratique sa théorie du trait, du rond et du rectangle et à laquelle Gérard Collomb se référait dans ses discours.Le trait, c’était les liaisons végétales favorisant la biodiversité en Ville et reliant soit des ronds, des micro-espaces verts dans l’espace public soit des rectangles des grands jardins ou des parcs au sein de la cité.
On lui doit entre autres la création du Clos Layat dans le 8ème ou encore la préservation de la caserne Blandan dans le 7ème devenue ensuite Parc Blandan appuyant ainsi l’action des habitants regroupés au sein de l’Association de Développement du Parc Blandan.
Son humour, son attitude débonnaire faisait de lui un élu bon vivant et très accessible, il a marqué son passage par des réalisations qu’il a accompagnées ou des actions qu’il a lancées et j’en citerais quelques-unes
– Le zéro Phytosanitaire dans les parcs et jardins de la Ville avec près de quinze ans d’avance sur bien d’autres villes françaises.
– Les Berges du Rhône pour lesquelles il avait poussé Gérard Collomb à opter pour le scénario le plus optimisé en faveur de l’espace public et de la végétalisation.
– Les Rives de Saône, le projet Confluence, l’aménagement de Gerland (Zac du Bon Lait et Zac des Girondins entre autres).
– Le prix de la Jeune Architecture de Lyon et bien d’autres encore.
Il était surtout le tenant d’une écologie heureuse et un pragmatique, fervent partisan de l’urbanisme négocié. Certains pensaient qu’il « détonnait » pour un écologiste mais c’était un partisan du compromis sans compromissions, faisant en sorte que l’intérêt général au sens large soit au coeur de la décision.
Il était par exemple un fervent défenseur de la grande hauteur et notamment à la Part Dieu, de la densification autour des gares et des pôles multimodaux car il avait compris que c’était un des moyens de contribuer à la lutte contre l’artificialisation des sols et contre l’étalement urbain.
Son attitude, sa recherche du compromis a permis la réalisation de nombreux projets accompagnant la dynamique urbaine de notre territoire. Il installa aussi l’inter-SCOT, instance de dialogue entre les Syndicats Mixtes de Scot permettant ainsi le consensus en matière d’aménagement et d’urbanisme à cette échelle de territoires. C’était surement une autre époque…
Gilles se méfiait enfin de la perversité des appareils politiques, et notamment entre autres de celle son parti. Il tenait plus que tout à sa liberté, se moquait du qu’en dira-t-on, au point par exemple d’avoir fait de son bureau à l’hôtel de Ville, une zone exclusive de non application de la loi EVIN, en sa qualité de grand amateur de cigares.Enfin pour terminer, on l’oublie souvent, il fût aussi un fervent partisan de la coopération décentralisée avec des Villes en développement, notamment lorsqu’il fût Président de l’Agence d’Urbanisme de l’Aire Métropolitaine Lyonnaise. Notre modèle de coopération et la vision du développement qu’il portait a pu être « exportée » dans différents pays du Sud, à la recherche d’une méthode permettant l’accompagnement raisonné de leur développement. Il portait cette expression du modèle lyonnais et français d’urbanisme, je voulais le souligner et le rappeler car il s’accomplissait pleinement dans ces missions.
Merci Gilles pour tout ce que tu as apporté à nous tous, à l’intérêt général, à nos collectivités et à notre territoire !