Intervention liminaire de David Kimelfeld

Monsieur le Président,

Chers collègues,

Je me réjouis que ce dernier conseil soit l’occasion pour nos groupes La Métropole pour Tous et Sociale Démocrate et Progressiste de se réunir. Aujourd’hui, nous choisissons de travailler ensemble, car nous partageons desvisions communes sur de nombreux enjeux locaux.

Ensemble, nous devons reconstruire une politique du « faire ensemble », une politique inclusive et tournée vers l’avenir, qui reflète les valeurs de coopération et de progrès auxquelles les Grands Lyonnais aspirent.

C’est une nouvelle alliance ,qui s’exprime aujourd’hui par ma voix en ouverture de notre séance Ce groupe est né d’un constat : il existe dans cette Métropole une autre voie que celle incarnée par la coalition des écologistes, des socialistes , des communistes et des insoumis ainsi que celle trop souvent dictée par Laurent Wauqiez depuis la région . A l’heure où tous les antagonismes semblent s’obstiner à rendre notre pays ingouvernable, nous voulons porter une parole qui accepte le dialogue, le compromis, l’apaisement, la nuance et la raison, loin du vacarme et du conflit des extrémistes et des cyniques qui, chaque jour, éloignent un peu plus nos compatriotes de la chose publique. La crise démocratique, économique et politique actuelle appelle à la responsabilité et à l’engagement.

Nous sommes animés par notre volonté de montrer qu’il existe à gauche et au centre uneautre voie que le naufrage politique auquel conduit l’union avec la France insoumise. Il y a des repères dans notre vie politique qui sont des boussoles. Les perdre, c’est se désorienter C’est fréquenter des eaux troubles . Nous voulons porter ici, dans cette Métropole la voix de l’universalisme, la voix du progrès en refusant toute concession faite à la démagogie, au populisme, à l’antisémitisme, au racisme et au communautarisme. Il y a, au sein de la gauche, une ligne de fracture que vous ne pourrez pas enjamber indéfiniment, Monsieur le Président,au prétexte de son union, au risque de sombrer, corps et biens, dans la défaite morale et politique dans laquelle vous entraine l’extrême-gauche. Je sais que nous partageons ce constat avec nombre de socialistes, de communistes ,d’écologistes et de centristes. Je sais que beaucoup, dans votre majorité, mettent leur poing dans leur poche devant les outrances et les provocations de certains de vos alliés devenus infréquentables . Mais le moment viendra, et il est proche, où une ligne claire devra émerger, à gauche et au centre , sur la base d’un socle commun et partagé de valeurs non négociables. Nous avons la volonté de rassembler cette sensibilitéNous sommes animés par le sens du bien public et le désir d’être utiles, ces objectifs n’étant l’apanage de personne mais qui ont cessé, manifestement, d’être le but de tout le monde.

Nous voulons, pour y parvenir, promouvoir une méthode. Nous nourrissons parmi les élus de notre groupe et au-delà cette belle idée, qui a longtemps fait la force de notre Métropole, que nous sommes capables, ici, sur notre territoire, de dépasser nos identités pour construire l’édifice commun. Ce qui a fait la force de notre territoire, c’est notre capacité à ne pas importer à Lyon les conflits nationaux et idéologiques pour construire, ici, une politique du contrat et du compromis où chacun est capable de faire un pas vers l’autre, où chacun est capable de comprendre qu’un compromis n’est pas une compromission. Nous sommes persuadés que de la capacité de chacun à penser contre ses certitudes peut faire naître une forme d’intelligence collective qui, force est de le constater, fait aujourd’hui cruellement défaut.

Voilà quatre années que la majorité des écologistes, des socialistes , des communistes et des insoumis préside aux destinées de notre collectivité. Désormais, le temps de l’invocation de la responsabilité des prédécesseurs est révolu. Ce que notre Métropole est aujourd’hui, c’est votre responsabilité, votre bilan, votre projet. Ce que nous constatons, et je ferai ce constat sans sombrer dans des caricatures qui concèdent trop souvent à la facilité, c’est que la Métropole de Lyon mérite mieux.

Elle mérite mieux que le conflit permanent que vous entretenez sur tous les sujets, même les plus faciles et les plus consensuels. Il n’est pas possible de continuer, et je veux le dire avec gravité, à jouer à la politique de « l’huile sur le feu » qui divise aujourd’hui notre Métropole. J’ai connu une époque, Monsieur le Président, où il était possible d’ouvrir un centre de mineurs non accompagnés dans une ville de l’Ouest lyonnais sans enflammer le climat politique. J’ai connu une époque, Monsieur le Président, où des grands projets urbains, qui a bien des égards défiaient l’opinion, avec des oppositions frontales, aboutissaient dans leconsensus et l’acceptation générale grâce à une méthode, celle qu’incarnait notre regretté collègue Gilles Buna auquel nous venons de rendre hommage, et qui consistait à négocier.

Notre Métropole mérite mieux que l’idéologie qui conduit à perturber gravement toute une agglomération, incarnée par cette frénésie non concertée et presque virale des travaux qui accable la vie de nos compatriotes, de nos entreprises, nos commerçants et artisans, de nos familles alors que, menés dans le dialogue et le réalisme, ils auraient vu leur acceptabilité renforcée. Il ne faudrait pas que, par une méthode brutale et un empressement autoritaire, un aveuglement certain, vous dégoutiez les habitants de la Métropole de Lyon des buts légitimes poursuivis en raison de l’urgence climatique. Nous sommes acquis aux défis de la transition écologique, nous sommes déterminés à les relever. C’est dans tous les cas le sens de l’histoire et ces transformation sont à l’œuvre dans toutes les grandes villes quelques soient leur couleur politique .Nous savons que le but recherché est vital : le recul de la place de la voiture, la massification des modes doux et des transports en commun, l’amélioration de la qualité de l’air, la végétalisation des grandes aires urbaines appartiennent au sens de l’Histoire.Vous avez annoncé faire une pause dans les travaux consécutive aussi de la tension budgétaire et de l’approche des échéances . Nous la soutiendrons mais ce que je remarque c’est qu’elle a été faite non pas à l’initiative de votre majorité mais sous la pression devenue trop forte des habitantes et des habitants de notreMétropole et sous la pression d’un bilan financier qui n’est pas à votre avantage, obérant gravement nos capacités d’agir pour demain.

Notre Métropole mérite de renouer avec le dialogue démocratique. En politique, il y a deux voies pour aboutir à la décision. Il y a ceux qui veulent vaincre et ceux qui veulent convaincre. Nous appartenons à cette deuxième catégorie. Nous sommes attachés à la vitalité démocratique de notre Métropole et nous considérons que le fossé entre les élus et la population n’a jamais été aussi fort.. Il y a une forme d’ironie à ce que nous devions souligner le manque de démocratie participative dans notre Métropole à une majorité qui a porté cet engagement en sautoir durant la campagne électorale et qui semble l’avoir remisé bien vite, choisissant l’exercice solitaire du pouvoir avec un nombre incroyable de pseudo concertations

Notre Métropole mérite de renouer avec son ambition écologique. Nous ne faisons pas partie, Monsieur le Président, de ceux qui flattent la démagogie en expliquant l’inverse du sens commun. La transition écologique est une urgence qui s’impose à tous. Dans les métropoles, notre responsabilité est forte et chacun sait que, de toute façon, des changements considérables et des révolutions sont nécessaires. Nous savons que la place de la voiture doit reculer, que la qualité de l’air doit s’améliorer, nous savons que les modes doux doivent être encouragés, nous savons que notre manière de vivre et de nous déplacer va devoir changer. Mais il y a urgence à agir sur d’autres sujets, des sujets complexes, des sujets qui nécessitent de faire l’ascension par la face Nord. Je vais prendre, Monsieur le Président, un exemple très concret et que tout le monde comprend parfaitement. Il y a dans notre Métropole, et comme disent les Anglais, « un éléphant dans la pièce ». Cet éléphant don personne ne parle plus dans votre majorité, c’est l’ancienne autoroute A6/A7 qui défigure notre territoire, qui sépare nos quartiers, qui pollue nos poumons, nos oreilles et nos yeux. L’ancienne majorité avait obtenu une avancée décisive, à savoir son déclassement, ouvrant la voie à la fin de cette anomalie historique. Depuis, vous semblez avoir abandonné le combat, supprimé la passerelle piétonne des Girondins entre Gerland et Confluence et renoncé à toute ambition sur ce dossier. Vous pourrez, Monsieur le Président, dérouler tous les kilomètres de pistes cyclables que vous voulez, toutes les lignes de tramways que vous voulez, vous pourrez piétonniser la moitié de la Métropole et végétaliser l’autre que vous n’aurez pas réglé ce problème vital pour notre Métropole que cette transhumance interrompue de voitures et de camions qui, pour aller de Paris à Marseille, viennent asphyxier notre agglomération.

Notre Métropole mérite de renouer avec son attractivité. Nous considérons que le mot « attractivité » n’est pas un gros mot. C’est ce qui permet la richesse de notre territoire. C’est ce qui attire des investisseurs, ce qui crée des emplois, ce qui vient soutenir notre fiscalité, ce qui dynamise. Il y a des secteurs d’attractivité qui font l’identité de notre Métropole et qui apportent à la société autant qu’à l’économie. Nous voulons renouer avec le soutien de notre collectivité en faveur de la santé, sur la base d’un écosystème puissant, des universités, des grandes écoles, des laboratoires, des pôles de compétitivité, des entreprises, petites ou très grandes et dont le continuum d’excellence fait partie, à Lyon, de notre ADN. Nous voulons renouer aussi, en matière d’attractivité, avec notre dimension internationale, aujourd’hui totalement en jachère et qui ne semble plus faire partie des priorités métropolitaines alors qu’elle a permis à Lyon de s’exporter, de proposer son savoir-faire bien au-delà d’elle-même, fidèle à ce que Braudel disait d’elle : « Lyon dépend de logiques à très larges rayons. Il lui faut toujours une complicité du dehors. Les fées qui la favorisent sont étrangères ».Notre Métropole mérite de renouer avec son ambition de justice sociale.

Nous voulons remettre au centre du projet métropolitain la question de la justice sociale, qui passe par une véritable stratégie en matière de pouvoir d’achat, de soutien au plus modestes, notamment les personnes vulnérables, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, tous ceux qui semblent laissés sur le bord du chemin et qui n’ont plus les moyens de vivre en centre ville, qui aimeraient manger bio et local mais qui ne peuvent pas, qui aimerait traverser Lyon sur vos autoroutes à vélo mais qui n’en ont pas la capacité physique, qui aimeraient se loger dans un hypercentre devenu inaccessible au plus modestes. La justice sociale, c’est aussi, nous en avons la conviction, une nécessaire attention particulière à la sécurité car les conséquences sont une source d’injustice pour les plus fragiles et les plus précaires , sans doute la plus violente de toutes car elle touche aux personnes et à ce qu’elles possèdent. Il n’y a pas à tergiverser sur ce sujet

Notre Métropole mérite enfin de renouer avec l’ambition d’un projet lisible. Au final, ce qui nous porte à créer notre groupe, c’est le besoin de redonner une vision claire pour l’avenir du territoire. Les grandes décisions doivent s’inscrire dans une vision globale, à long terme et pas à courte vue d’une fin de mandat. Vous voulez piétonniser la presqu’ile. C’est une option mais cela ne nous dit pas ce que vous voulez, dans 20 ans, faire du cœur de notre agglomération. Quelle sera sa destination fonctionnelle et quelles seront les sources de son développement ? Quels sont les nouvelles frontières du développement de notre Métropole ? Aujourd’hui, nous voulons que notre Métropole se positionne pour dire où et quand émergeront les nouvelles forces de notre territoire. Surtout, nous avons déserté totalement le terrain de la construction de projets avec des territoires sur lesquels notre activité joue un rôle décisif. Il n’y a pas de projet métropolitain lyonnais sans construction commune avec la Région, avec les territoires du Nord-Isère, de l’Ain, du Nouveau-Rhône, de la Loire, de l’Ardèche et de la Drôme. C’est un enjeu important en matière de transports, de stratégies pour limiter l’étalement urbain, de gestion des flux économiques, de mutualisation de grands projets structurants, notamment le Lyon-Turin qui demeure, pour nous, un élément décisif d’ouverture de notre ville, de développement économique et de transition écologique

Nous sommes dans l’opposition et notre groupe assume cette différence. Nous considérons que l’alliance actuelle de la gauche avec l’extrême-gauche est une impasse. Nous considérons qu’il existe un espace politique du centre et de la gauche permettant de sortir de l’idéologie .

Transformer la société , améliorer le quotidien des habitantes et habitants de notre territoire, C’est le sens que nous voulons désormais donner à notre action et à notre projet pour cette Métropole. Nous sommes fiers d’être rassemblés et plus que jamais mobilisés au service de notre métropole et de ses citoyens.

Je vous remercie.