Intervention de Michel Le Faou – Emilie Prost
Intervention de Michel Le Faou :
Monsieur le Président, chers collègues,
En préparant cette intervention sur la modification n°4 du PLU-H, qui vient clôturer un processus entamé de longue date, j’ai relu mes interventions précédentes, notamment celles des 27 septembre 2021 et 21 novembre 2022 lors de la modification N°3. Le constat est accablant : nos recommandations, pourtant modestes, ont été systématiquement ignorées.
Une fois encore — et peut-être une fois de trop — ce mandat illustre un refus manifeste de concertation. Les conseillers métropolitains d’opposition, légitimement élus au suffrage universel, ont été exclus à toutes les étapes de cette modification. Nous représentons autant que vous nos concitoyens, et notre participation à ce processus n’aurait pas dû être une option, mais une nécessité.
En 2022, lors d’une intervention en Conseil puis encore en commission, nous avions formulé deux demandes simples mais essentielles :
Organiser une réunion de présentation et d’échange sur les modifications envisagées, au niveau de chaque CTM, avec tous les élus métropolitains concernés.
Prévoir une réunion finale d’arbitrage au niveau des présidents de groupes pour caler les grandes orientations avant l’arrêt du projet.
Ces demandes, raisonnables et constructives, ont été ignorées avec une désinvolture préoccupante. Pas une réponse, pas un échange. Ce mépris pour le dialogue témoigne d’une gouvernance autoritaire et excessivement verticale, une méthode que ma collègue Émilie Prost illustrera également à propos du SCOT. La fin du mandat approchant, on devine un certain pragmatisme tardif.
Pourtant, cette modification n°4 du PLU-H soulève des questions fondamentales et préoccupantes : Plus de 700 points modifiés, ajoutés aux plus de 1 000 points de la modification n°3 : près de 1 800 modifications en deux ans, un chiffre qui équivaut à une révision générale.
Des modifications inquiétantes, comme :
La multiplication par presque deux des hauteurs dans certains secteurs,
Une augmentation des hauteurs totalement déconnectée du contexte urbain
pour d’autres,
Enfin, une absence de réunions publiques sur des changements majeurs, notamment à Lyon. Des instances ad hoc auraient permis de prévenir ces erreurs d’appréciation et d’éviter des tensions futures lors des dépôts de permis de construire. Mais vous avez sciemment choisi l’isolement dans votre gouvernance.
Quelques ajustements tardifs sont à saluer, certes, mais cela reste largement insuffisant. La suppression discrète de la servitude de taille minimale des logements, qui était pourtant une de vos marottes ou une répartition plus libérale des typologies des logements au sein d’un programme sont des évolutions positives. Mais elles ne compensent pas toutes les incohérences précédentes et persistantes.
Ces abandons nous interrogent et doit-on s’attendre à ce que vous supprimiez bientôt l’encadrement des loyers ?
Le président de la Métropole a récemment déclaré dans une interview à Nouveau Lyon que la construction de nouvelles tours à la Part-Dieu serait désormais envisageable. Quel est le point de vue du maire de Lyon et de son adjoint à l’urbanisme sur ce sujet ? Sont-ils alignés avec cette vision ?
Rien ne permet de l’affirmer. D’ailleurs, ils se sont montrés singulièrement absents de ce processus de modification n°4, comme s’ils s’en dissociaient.
Votre vision du territoire est fragmentée, ponctuée d’annonces sans cohérence globale. À court, moyen et long terme, l’absence d’une stratégie claire inquiète nos concitoyens et les opérateurs économiques. Lors de votre élection, vous aviez pourtant promis une gouvernance différente, basée sur la concertation, l’association des habitants, et un dialogue constructif. Nous ne pouvons que constater la trahison de ces engagements.
En début de conseil, nous avons salué la mémoire de Gilles Buna, qui nous rappelait souvent que « le compromis n’est pas une compromission ». Monsieur le Président, il est temps de sortir de vos dogmes et d’écouter toutes les sensibilités. Vous y gagneriez en crédibilité, tout comme notre Métropole.
Ne perdez jamais de vue que vos choix d’aujourd’hui forgent l’avenir. Le boomerang, une fois lancé, revient toujours. À la première reprise, il peut être inoffensif. Mais s’il revient sans cesse, il devient destructeur.
Nos concitoyens ne méritent pas cela. Ils exigent une action publique concrète, concertée avec les communes et les élus métropolitains, au service de tous, y compris ceux qui ne partagent pas votre vision.
Monsieur le Président, chers collègues, je vous remercie.
Intervention d’Emilie Prost
Monsieur le président, chers collègues,
Je prends le relais pour rester sur un sujet qui concerne tout autant l’aménagement de notre territoire, et vous indique que mon intervention inclut le groupe « la Métropole pour tous ».
Vous l’aurez deviné, notre souhait est bien de revenir sur le projet de révision du Scot et sur la dernière séance du conseil syndical du Sepal.
Dernière séance du Sepal mercredi dernier 11 décembre où l’ordre du jour était l’arrêt du projet de révision du Scot. Terme technique mais situation ironique car après quelques minutes nous avons tout simplement assisté à l’arrêt de cette séance de votre propre initiative. La séance n’étant pas publique il faut en effet l’avoir vécue pour être en mesure de la raconter, et nous serons certainement plusieurs à la relater. Je n’ai pas autant d’expérience que la plupart de mes collègues mais je dois dire que je n’avais jamais assisté en direct à un tel déni de démocratie.
« Pourquoi alors nous convoquer ? » se demanderait un citoyen n’ayant pas connaissance des rouages internes. Visiblement notre vote n’était pas souhaité, et ne sera peut-être prochainement pas nécessaire… car nous avons bien compris que votre projet est bien désormais d’arrêter justement tout débat et toute démocratie au Sepal
Si vous arrivez à vos fins, monsieur le président, nous ne pourrons peut-être plus nous exprimer au sein de cette instance mais nous continuerons à élever la voix à l’extérieur, où chacun se fera son opinion.
Car en effet le Sepal n’est pas une structure à 100% métropolitaine et impose de savoir échanger, négocier et, oui, parfois évoluer. Vous ne pouvez pas nous reprocher d’être dans une opposition systématique et politique car dans cette instance car ce sont également les communautés de communes de l’Est lyonnais et du Pays de l’Ozon qui sont représentées. Elles ont été à l’origine de propositions, et malgré quelques avancées, qu’elles reconnaissent par ailleurs, cela n’a pas suffi à les convaincre ni en effet à nous convaincre.
Ainsi, désormais, vous prenez ces élus locaux, tout aussi légitimes que nous, en otage. Oui le terme peut paraître fort mais expliquons bien la situation : si les élus métropolitains d’opposition ne sont plus présents au Sepal, vous aurez le champ libre pour adopter votre projet sans aménagements. Toutefois, nous n’avons pas l’intentionde céder à cette tentative de manipulation…
Abordons maintenant le fond du sujet, car vous avez souhaité avancer puis accélérer la révision du SCOT alors même que l’actuel est effectif jusqu’en 2030. Nous avions compris que l’objectif était qu’un nouveau SCOT entre en vigueur avant 2026 ! Dans ce cadre nous apportons nos contributions et nos réserves depuis plus d’un an désormais, rappelons d’ailleurs la commission générale de novembre 2024 même si elle n’a pas été suivie d’effet. D’ailleurs je tiens à saluer le travail de l’équipe du SEPAL ainsi que celui de l’Agence d’urbanisme (de l’aire métropolitaine lyonnaise) qui ont réalisé leurs missions avec leur sérieux habituel.
Ainsi j’ai pour ma part participé, avec des collègues d’autres groupes, aux ateliers et réunions de présentation du projet : Grand atelier en janvier 2023, restitution au Cirque Imagine, avec souvent les mêmes personnes présentes mais aussi les mêmes remarques et points d’attention…, ainsi qu’aux commissions géographiques, pour lesquelles nous avions dû demander la mise en place d’une commission centre afin d’aborder tout de même la situation de Lyon et Villeurbanne qui doivent rester le cœur attractif de notre aire urbaine. Je peux ici rebondir sur les propos de Michel LE FAOU en matière de concertation ; et il semblerait qu’il y ait eu plus de réunions publiques au sujet des voies lyonnaises que sur un document aussi stratégique à long terme et touchant à toutes les politiques publiques locales : mobilités, logement, développement économique…
Pour notre part nous ne remettons pas en cause la raison d’être et l’application du zéro artificialisation nette (ZAN), mais nous savons que pour être comprises les exigences de sobriété foncière doivent s’accompagner d’un réseau de transports effectif et suffisant, et d’une attractivité économique permettant un développement équitable des villes et quartiers. De multiples « villes des proximité » ou du quart-d’heure, tournées autour du déplacement à vélo et à pied, ne sauraient résumer les besoins d’une métropole telle que la nôtre si nous voulons être à la hauteur des défis environnementaux, économiques et sociaux. Pensons aussi aux étudiants, issus de territoires limitrophes moins pourvus en opportunités, qui ont absolument besoin d’accéder à la métropole pour étudier et travailler.
Que ce soit au SEPAL ou ailleurs, comptez sur nous pour y revenir d’une manière ou d’une autre…
Je vous remercie.